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Les coulisses du bazin

Le Bazin

Une même technique ancestrale de nouage:

De l'indigo naturel...

de l'indigo naturel...

Technique nouage bazin mali

...aux teintures chimiques

La face cachée du bazin

Bamako est la capitale de la teinture artisanale en Afrique de l'Ouest. Les motifs des étoffes sont obtenus à l'aide de différents procédés de réserve par nouage, couture ou empâtement du tissu. Cet artisanat se fonde sur la tradition tinctoriale à l'indigo naturel pratiquée depuis des siècles dans cette région d'Afrique.

Aujourd'hui, la teinture naturelle a été abandonnée au profit des teintures chimiques certes moins chères et plus rapides mais beaucoup plus toxiques pour les teinturières et l'environnement.

Impact de la teinture sur l'environnement et la santé des teinturières

Les premiers produits incriminés sont la soude caustique, et l'hydrosulfite, indispensables à la réalisation de la teinture : l'ajout de ces deux produits dans le processus est essentiel car ils vont permettre au colorant de se dissoudre et de pénétrer le tissu, le lavage dans l'eau fixant ensuite le colorant par oxydation.

Il est difficile de connaître la nature chimique exacte des colorants utilisés car ils sont reconditionnés sous forme de petits sachets plastiques et vendus sous le nom de la couleur qu'ils représentent, sans aucune étiquette. Les teintures chimiques contiennent des métaux lourds (plomb, Nickel, cadmium… reconnus hautement toxiques pour l’homme et l'environnement), des colorants azoïques (interdits en Allemagne depuis 1996. Depuis 2003, les colorants azoïques dans les articles en tissu et en cuir en contact avec le corps humain sont interdits dans l'Union Européenne car jugés cancérigènes), du formaldéhyde et du chlore, produits qui peuvent libérer des substances cancérigènes sous l’effet de la transpiration ou présenter des risques d’irritations et d’allergies.

Les pays d’origine de ces produits, l'Allemagne, la Chine ou le Nigéria, sont parfois accusés de se débarrasser de produits aujourd'hui interdits chez eux.Tous ces produits toxiques se retrouvent dans le tissu donc sur votre peau, mais également dans la nature où sont déversées les eaux de rinçage.

La plupart des teinturiers sont des femmes. Elles ont conscience de la nocivité des produits utilisés. Pour se protéger, Mme Fofana Anna Maiga, teinturière à Daoudabougou depuis 22 ans explique : « Nous consommons presque tous du lait à la fin de la journée pour éviter des problèmes de gorge. Nous portons également des masques, des lunettes et des bottes de protection ». Mis à part le port de gants qu'elles remplissent souvent d’eau fraîche afin d’éviter toute brûlure, ces précautions ne sont pas toujours respectées…, voire jamais.

Soude caustique et hydrosulfite peuvent provoquer de graves brûlures et attaquer les voies respiratoires en cas d’inhalation.

Le bazin, une étoffe riche

Seulement 18% des teinturiers se protègent. 5% meurent chaque année par inhalation et 4% de maladies respiratoires.

Ces produits ont des impacts aussi bien au niveau environnemental (pollution des sols, des eaux et notamment du fleuve Niger), sociétal (pollution des puits voisins rendant l’eau impropre à la consommation) et médical (risque pour les teinturières qui n’adoptent pas les moyens de protections nécessaires).

Tapeur de bazin, un métier difficile et mal payé

Une fois teint, le Bazin est trempé dans de la gomme arabique, puis frappé sur un billot de bois à l’aide de maillets en bois de Karité d'au moins 2 Kg. Les fibres sont ainsi resserrées, le coton devient rigide, brillant et insalissable, la saleté ne pouvant accrocher. Cette étape très physique est réalisée exclusivement par des hommes, les "Finigochila" ou "tapeurs de bazin" .

tapeurs apprêtent le tissu en lui assenant de grands coups de masse en bois.
Le costume perd de son brillant au fur et à mesure des lavages, il faut alors le retremper dans de la gomme arabique et le taper à nouveau. En raison du coût exorbitant des tenues de bazin neuves, de nombreuses personnes préfèrent porter des anciennes tenues qu'elles ont fait taper.

Parce qu'ils sont mal payés, les tapeurs de bazin doivent travailler sans relâche. Débordés pendant la période des fêtes musulmanes (Tabaski), les tapeurs sont souvent obligés de se droguer pour travailler nuit et jour. Ils sont soumis à une exposition prolongée à un environnement sonore élevé qui peut provoquer une altération temporaire ou définitive de l'ouïe. Le bruit a d'autres effets indirects sur la santé: il augmente la fatigue, les risques d'hypertension artérielle, les troubles digestifs, la nervosité et le stress, il perturbe le sommeil et diminue l'attention.

Les "Tapeurs" sont soumis à un bruit permanent qui peut provoquer une altération temporaire ou définitive de l'ouïe

Tapeurs de bazin, bamako Mali

Tapeurs de bazin, un métier masculin extrêmement physique.

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