ami&co, éco design et commerce équitable pour valoriser l'artisanat du Mali


Aller au contenu

Le bazin, un rôle social et économique de poids, une valeur culturelle

Le Bazin

La chanteuse Oumou Sangaré

Oumou Sangaré

Le bazin, une tenue pour se mettre en scène

En Afrique et au Mali, on accorde une très grande importance aux vêtements et à l’apparence en général : ainsi hommes et femmes n’hésitent pas à dépenser des sommes faramineuses (quel que soit le niveau social) pour s’emparer du nouveau modèle de bazin à la mode. Le bazin, grand boubou, est le must have de toutes femmes d’Afrique de l’Ouest qui se respectent. Le bazin est également devenu un matériau utilisé par les stylistes de mode.

Par le travail qu'il crèe et demande, le bazin gènére de la valeur économique et sociale. En effet, la teinture artisanale, la couture et la broderie du bazin donnent de la valeur au tissu. De ce fait, les couturiers maliensredoublent d’ingéniosité et de créativité pour valoriser le bazin blanc ou teint. Le phénomène a pris plus d’ampleur avec les griottes et autres artistes qui mettent en valeur ce bazin, avec des créations qui sont imitées par les nombreux fans, notamment les femmes d’ici, de la sous-région et de la diaspora. Les émissions musicales sont fort prisées à l’intérieur et à l’extérieur du pays à cause des modèles qu’on y voit et qu’on peut commander lorsqu’on en a les moyens et l’opportunité.

Le prix d'un mètre du Bazin riche varie entre 5 000 et 5 500 FCFA. Contrairement au mètre du ‘moins riche’ qui oscille entre 1 500 F, 2 000 F, 3 500 FCFA. Une tenue en bazin riche coûte au bas mot 100 000 Fcfa (150 €).

La griotte Babani KONE

Babani kone

La créativité des teinturières et couturiers se reflète dans notre vie quotidienne, lors des cérémonies de mariage, les baptêmes, les réceptions, dans les bureaux où les tenues portées, toutes aussi belles les unes que les autres, forcent l’admiration.

Par la créativité et l'originalité qu'il suscite, le bazin est devenu une référence culturelle.

La question que l'on peut se poser: comment font les Maliens pour se payer des tenues qui représentent souvent plus d'un mois de salaire ? Surtout quand on sait que les occasions sont nombreuses d'exhiber sa nouvelle tenue et qu'il est mal vu de porter deux fois la même tenue. Où trouver cet argent ?

Référence culturelle et obligation d'être porté, quel est le prix économique et social à payer pour s'offrir sa tenue en bazin ?

Le bazin, pas si propre côté coulisses

S’il est difficile de déterminer le nombre d’emplois générés par la filière du Bazin du fait du caractère informel de cette activité, les autorités s’accordent pour dire qu’elle occupe une place importante dans l’économie de la capitale. En effet, les différentes étapes ne nécessitent pas de compétences particulières et le métier s’apprend rapidement, permettant aux personnes peu qualifiées de trouver un emploi. Ceci combiné à la forte demande pour ce tissu, notamment au moment des fêtes, explique la progression très rapide du nombre d’artisans dans ce domaine. Les seules teinturières sont estimées à plusieurs milliers aujourd’hui contre quelques centaines en 1994.

Teinturières travaillant sans protection

Babani kone

La plupart des teinturières exercent cette activité de manière informelle et sont donc peu organisées. Elles travaillent en petits groupes dirigés par une patronne mais souvent sans avoir de statut particulier et dans des conditions qui mettent en danger leur santé. L’absence de lieu légal pour effectuer la teinture pousse les teinturières qui ne possèdent pas suffisamment de place pour faire leur travail à l’intérieur de leur concession, sont obligées de travailler dans les rues ou sur les bords du fleuve : elles sont donc régulièrement expulsées par les autorités. Les conditions sociales et sanitaires des métiers de teinturières mais aussi des "tapeurs de bazin", l'impact négatif de la teinture sur les femmes et leur environnement sont des données à prendre en compte pour un développement bénéfique de cette activité.

Le coût économique du bazin pour le Mali

Le bazin est un produit fabriqué à l'étranger (à partir du coton produit au Mali ?) où il crèe la richesse et les emplois. Il est importé par les commerçants maliens qui le revendent aux commerçants des pays de la sous-région qui viennent se procurer du bazin au Mali. Pourquoi les commerçants de la sous-région viennent-ils s'approvisionner au Mali en bazin blanc quand ils pourraient l'importer directement chez eux ? Parce qu'il leur revient moins cher de l'acheter au Mali que d el'importer directement chez eux. Pourquoi le bazin serait-il moins cher au Mali, pays continental, quand le prix de vente fournisseur reste le même et que les tarifs de dédouanement sont à peu équivalents dans tous les pays de l'UEMOA ? Pourquoi Sénégalais, Ivoiriens et Guinénens achèteraient le bazin moins cher au Mali alors que les frais de transport devraient rendre le produit moins compétitif ?

Puisque le prix d'achat et les frais de dédouanement sont à peu près équivalents et si nous suivons la logique économique et douanière, le bazin devrait être vendu plus cher au Mali que dans les pays voisins disposant de ports. La seule explication possible reste l'entrée frauduleuse du bazin sur le territoire malien et donc la défaillance (restons polis...) des services douaniers.

AInsi, les commerçants maliens et ceux des pays voisins (et les douanier peut-être?) profitent de la fraude pour s'enrichir tandis que le manque à gagner pour le Mali est considérable en termes de recettes douanières. En effet, le bazin est considéré comme un produit de luxe et à ce titre, il est soumis à une taxation forte.

Quand au bazin teint par les femmes, il est vendu de façon informelle, ce qui permet d'échapper aux contrôles des services sociaux, sanitaires, environnementaux et fiscaux.



Le bazin enrichit le commerçant importateur au détriment de la communauté

Commerçant de bazin Bamako Mali
Usine textile

...et contribue à la croissance du pays exportateur.

Les belles paradent en bazin, n'osant pas toujours avouer comment elles ont pu s'offrir si chère parure, les teinturières (celles qui ont les mains dans les cuves) risquent leur vie pour un salaire de misère, l'environnement se dégrade, l'eau source de vie devient poison, mais ce n'est pas grave:

Tout cela n'est pas grave: continuons à nous parer et à parer nos intérieurs avec du bazin.

Accueil | La Société | L'Artisanat | Les Produits | La Filière Textile | Le Bazin | Contact | Plan du site


Revenir au contenu | Revenir au menu